JUVENAL & PERSE
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MAROLLES (Michel de, trad. de).
Les Satires de Juvénal et de
Perse,
avec des Remarques, en latin et en françois [sic].
A Paris, chez Guillaume de
Luyne, 1658 [1653 sur la page de titre
gravée].
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Un fort vol. au format gd in-12
(183 x 120 mm) de 8 ff. n.fol., 2 x 272 pp., [185] pp. de Remarques
et 11 ff. n.fol.
Reliure de l'époque de plein
veau marbré brun, plats jansénistes, dos à nerfs orné de filets
gras à froid, doubles caissons d'encadrement dorés, larges fleurons
dorés, semis de pointillés et de points dorés, titre doré, palette
dorée en tête et queue, dentelle dorée sur les coupes, toutes
tranches mouchetées.
L'exemplaire s'ouvre sur
une délicate page de titre à décor allégorique
gravée.
Seconde édition de l'estimée
traduction de Michel de Marolles. Texte en latin en
regard.
On peut dire avec certitude
que Perse ignora la vie et les hommes. Mais il savait cependant
entendre ses maîtres et ses amis, tels que Cornutus ou
Sénèque.
Il avait vingt ans quand
Néron fut empereur et n'ignora que peu de choses des turpitudes de
la Cour...
Aussi son oeuvre
contient-elle une part de réelle satire, mais par écho et sans
l'accent que l'expérience donne à l'indignation. Toutes sortes
d'allusions, d'ironies, de demi-mots font entrevoir, seulement
entrevoir et presque deviner une cour impériale qui est celle de
Tacite : bassesses et indignités, orgies et sacrilèges, crimes
d'Agrippine et de Néron.
Au delà de la Cour, la ville
: manie du bel esprit, profusion des prétentions littéraires,
superstitions et dévotions intéressées, cupidité, cruauté à l'égard
des esclaves...
Mais il est évident que la
satire morale domine cette oeuvre. Un beau stoïcisme inspire son
auteur, un stoïcisme reçu par enseignement mais que le poète
vivifie par sa noblesse d'âme.
Les Satires sont, pour ainsi
dire, des sermons stoïciens. Perse y célèbre vertu et simplicité
antiques, chaste culte de la philosophie, nécessité pour chacun de
s'examiner en conscience et de connaître ses faiblesses, au lieu de
juger autrui et de se fier aux compliments, conquête de la
véritable liberté sur les passions, sur la cupidité et le goût du
plaisir, sur l'ambition et la volupté.
Chacune de ces satires a de
l'ardeur et se précipitent en dialogues vifs voires même
dramatiques. En somme, elles ont la force du sentiment
singulièrement élevé qui ne cesse de les
animer.
Détestant Rome, ou plutôt ce
qu'elle est devenue, Juvénal fait de ses contemporains une peinture
acerbe et sans pitié. faisant sans cesse fi du politiquement
correct
Le tableau (parodie d'une
œuvre perdue) qu'il propose de la cour de Domitien, le
« Néron chauve », s'il est riche de notations grotesques,
rend très bien l'atmosphère cauchemardesque d'une époque qui
exsudait la terreur.
On ne saurait parler sans
anachronisme de liberté d'expression quand il s'agit de la Rome
impériale, et Juvénal se garde bien de s'en prendre aux empereurs
régnants. Ce qui n'empêcha pas ses contemporains de lire dans ses
propos des allusions à l'actualité de son
temps.
La langue de Juvénal permet
de se faire une idée de la variété des parlers latins, selon les
classes sociales et les régions. Elle est à la fois vigoureuse,
voire crue, et savante. Juvénal aime jouer du contraste entre les
mœurs des anciens Romains, frugaux et barbus, et celles de ses
contemporains, perdus de luxe et
efféminés.
Avec Horace, Juvénal
constituere un modèle au xviie siècle pour les Satires de
Nicolas Boileau (1666). Emmanuel Kant retiendra quant à lui de ses
satires leur dimension morale, et citera Juvénal, à plusieurs
reprises, dans sa Critique de la raison
pratique.
Angles émoussés. Coiffes élimées ou arasées.
Légers frottements épars affectant par ailleurs la reliure. Auréole
claire dans le corps d'ouvrage. Du reste, belle condition
intérieure.